mardi 26 janvier 2016

Une heure par jour pour recharger ses batteries



« Tic-Tac! Tic-Tac! C’est votre vie qui s’écoule. »
"Tick-tick-tick. That's the sound of your life running out."Personnage de Jordan Chase, Dexter Saison 5

En savourant un thé beaucoup trop aromatisé pomme-canelle, je me suis mise à cogiter sur le temps qui passe.  Je réfléchis au fait que je suis maintenant capable de profiter de la vie, de MA vie.  Je n’ai pas encore d’enfant et, mis à part l’horaire du boulot qui est à peu près flexible, je profite du temps où peu de contraintes encarcanent mon espace-temps.  Je sais que les enfants viendront tout bouleverser et donc je profite consciemment de ces moments « pré-élevage ».
Marcher dans un endroit apaisant.

Je réfléchis à la routine du « auto-boulot-dodo ». J’habite en région où il n’y a pas de transport en commun et où il faut prendre « le char » pour aller au dépanneur; à moins d’avoir une heure devant soi et le goût inexplicable de risquer sa vie en bordure d’une route à 90km/h. Fin de la parenthèse.  Donc, je pense à cette routine.  Je me rappelle très bien comment je me l’imposais et que j’ai encore tendance à le faire d’ailleurs.  La routine, faut bien l’avouer, à ce je-ne-sais quoi de rassurant.

Après,  quand on y ajoute un ou quelques enfants, du bénévolat et une vie sociale, le temps dévoué à soi doit être prudemment extirpé, sans trop dérégler cette routine qui permet de demeurer efficace.  En bref, pas évident de prendre du temps pour soi.  Surtout quand on se sent à contre-courant, sans énergie disponible pour le changement ou pour la combativité, il devient facile de se laisser glisser.  Il devient réconfortant de couler dans l'idée que l’on puisse trouver une entière satisfaction à bien faire ce qu’on fait déjà.

Parallèlement, on continue de se bercer en se demandant pourquoi le bourdonnement dans nos oreilles continue, pourquoi cet ulcère d’estomac tarde à guérir, pourquoi on est SI FATIGUÉ. Et puis, on a ce goût amer de la rancœur adressée à tout le monde et à personne en particulier, mais pas tous les jours.  Et puis on sent un trou, juste là, juste en dessous du sternum. Rien ne sert de manger, ça ne le calme jamais. Mais le malaise part et revient selon une fréquence qui, sauf pour les survivants, est difficile à déceler.  Mais ça ronge et puis on est SI FATIGUÉ.  On se dit : « de toutes façons, où est-ce que je trouverais l’énergie de m’abonner au Gym? Comment est-ce que je pourrais faire autre chose que de regarder la télé pendant le 10 minutes que j’ai pour moi rendu à 21h? Je ne vais tout de même pas me lever à 4h du mat pour faire du sport? Si? »
Il faut bien le dire, décider de prendre soin de soi, c’est exigeant.

Pour certaines personnes, il faudra entamer de féroces négociations avec le partenaire de vie.  Pour d’autres, ce sera l’aspect financier ou encore de se placer devant l'évidence que l'on ne sait pas ce qui nous ferait du bien.  Pour la plupart, persévérer dans l’idée que l’on vaut bien un petit moment ÉGOÏSTE de bonheur personnel et garder cette pensée active relève de l’exploit.  L’égoïsme n’a jamais eu la cote, mais peut-être est-il un mal nécessaire?  Est-ce vraiment de l’égoïsme que de prévenir la dépression, la colère, la frustration en prenant une toute petite heure par jour pour soi?  Si c’est encore trop, une petite demi-heure?

Ce qui est vraiment aidant: voir quelqu'un ou se faire suivre (clin d’œil à Gad Elmaleh).  Moi, je me suis fait suivre.  Quand mon « psy » m’a prescrit des « activités plaisantes », je n’ai pas ri.  Je suis restée assise là à le regarder comme s’il parlait soudain une langue étrange. Il a enchaîné : « j’ai une liste de ces activités si vous le désirez ». Encore regard vide. « Je vous la fait parvenir par courriel ». Je me sentais démunie comme un enfant de 11 ans qui décide de faire une fugue qui dure 15 minutes parce qu’il n’a aucun endroit où aller. Je ne savais pas ce qui me faisait plaisir.

 
Il m’a brièvement expliqué le principe de la batterie. À leurs honoraires, on est content qu’ils fassent vite, les «psy ».  Je vous le partage pour mieux comprendre l’utilité de ces activités « futiles » et « anti-productives » dans notre quotidien. Quand la batterie est à plat, le patient (celui qui a patienté beaucoup dernièrement pour retrouver son entrain) ne reconnaît plus les sources de plaisir.  Il faut l’entraîner à redécouvrir les choses qui le stimulent. Alors seulement, la batterie peut se recharger.  Ça prend de l’assiduité avant de retrouver la « full charge ».
 
Il faut des activités qui stimulent sans épuiser.  Il n’est pas nécessaire d’être seul.  Ce peut être de prendre un café avec un ami, d’écouter sa série préférée, de prendre une marche dans un endroit qui nous apaise, peu importe.  Il est important de se rappeler que notre dégoût modéré pour les activités plaisantes n’est qu’une illusion.  Les neurones ne communiquent plus correctement.  Le signal est brouillé et donc notre perception aussi.   C’est aussi pour cela que le patient (celui qui redoute le moment où le médecin le mettra en arrêt de travail et qu’il lui donnera tout le temps voulu pour complètement capoter), doit s’entrainer à ressentir du plaisir. Comme l’entraînement physique, c’est très souffrant pour débuter. Ça demande un effort incroyable. Mais il faut persévérer.
 
JE VOUS JURE QUE ÇA MARCHE!
 
Essayer de le mettre en pratique. Je vous mets au défi.  Une seule petite heure pour vous, par jour... C'est tout ce que ça prend, mais il faut être assidu et s'aimer assez pour réussir à maintenir le cap. 









lundi 11 janvier 2016

Le potentiel heureux


Je fuis la politique et l'actualité parce que je les trouve énergivores et négatives, parce que je suis comme ça : le sort du « monde » m’affecte.  Je sais, l’utopie est de s’imaginer que nous pouvons tous vivre ensemble et harmonieusement et sans complètement ravager la planète. 
Je ne comprends pas toutes ces parties à l’enjeu de pouvoir.  Pour oublier, je me réfugie dans l’instant présent, je tente d’améliorer mon environnement immédiat, j’essaie de faire du bien aux gens que j’aime et même à ceux que j’aime moins ou que je ne connais pas.  "On ne naît pas aigri!", que je me dis.  La vie et comment nous avons appris à l’intégrer et à la vivre, nous façonne, nous rend parfois beaux et divins, parfois tortueux et tristes. 



Le destin n’a rien à voir là-dedans.  L’état de l’accord entre les réflexions intérieures et les choix extérieurs résume assez bien la personne que l’on devient à ses yeux et aux yeux des autres.

J’ai réalisé assez récemment que j’avais le potentiel heureux.  Ça reste embryonnaire mais je fais des études de développement.



J’ai réalisé que, depuis peu, je réclamais sincèrement mon droit au Bonheur.  La clé ici c’est : sincèrement.  Autrefois, je me demandais pourquoi, pourquoi moi, pourquoi comme cela, est-ce que la vie ne pourrait pas un peu me lâcher tranquille et aller faire un tour?!
La vérité, c’est que la douleur était probablement la seule chose que j’endurais facilement et qui me faisait sentir vivante.  L'idée de tenir le Bonheur dans mes mains et de me le voir arraché me frigorifiait tellement, jusqu'à n'en pas vouloir son contact, jusqu'à en avoir PEUR.


Finalement, arriva ce qui arrive à certaines personnes carburant à l’adrénaline, aux émotions fortes et aux voltiges negatives; je me suis évanouie, je me suis perdue, pendant plusieurs années. La seule chose que j’ai pu faire avant de m’éteindre complètement, ça a été de créer un dernier remous en sortant d'une relation au nom de laquelle j’avais accepté de m’éloigner de moi. C'était mon choix, je n'en pouvais plus de me mentir et de me regarder continuer cette pièce de theâtre que j'avais écritre mais dans laquelle je jouais un rôle secondaire. Ensuite, ça été comme si l’on avait débranché mon respirateur. Coupé.



Mon cerveau a complètement bouchonné, laissant mon instinct réagir à tout et à rien, les nerfs à vifs, jusqu’à épuisement.  J’avais perdu tous mes repères quand j’ai évincé toutes les situations qui creusaient un profond sillon entre moi et la Vie. J’ai cru que j’allais être foudroyée, que j’allais mourir sur place dans mes sueurs d'angoisses terribles et m’éteindre SEULE au beau milieu de nulle part. Rien de tout cela ne s’est produit.  J’ai survécu, malgré moi.  Malgré mon angoisse, malgré le fait que je ne savais plus rien faire, malgré le fait que je ne reconnaissais plus aucune activité qui vaille que je reste.



J’ai remonté l’escalier parsemé de ronces et de coton. Parfois m’asseyant sur les épines, parfois caressant du bout des doigts les boules de coton, comme s’il fallait que je les mérites pour les apprécier.


Je ne sais pas trop pourquoi j'écris tout cela.  Si, en fait, je sais. Je sais que je ne suis pas la seule à être passée par ce chemin.  Je veux que tout le monde sache qu'on en meurt pas.  Mieux encore, que cela nous ouvre les yeux si on decide de lâcher-prise et d'accepter de réapprendre à se connaître.


Je crois qu'il y a plusieurs bonheurs qui attendent d'être ramassés.  J'aimerais que vous puissiez en bénéficier.  Présentez-vous au comptoir de votre vie et faites la demande des colis de bonheur que vous n'avez jamais ramassés. Personne ne vous les prendra.

En VEDETTE

Le premier amour du corbeau sur la neige

Pinterest corbeaux Il y a quelques semaines, je suis retombée sur des poèmes que j'avais écrit à l'adolescence.  Un en parti...