dimanche 30 octobre 2016

Minuit moins une: Je deviendrai maman



À presque 39 semaines de grossesse, la situation est imminente: je vais accoucher prochainement. Il n'y a pas de remise à plus tard possible, plus de surprise, à part le moment de la journée où ça arrivera et le suspense de savoir si on aura le temps de se rendre à la maison des naissances. Vivre en campagne rajoute un peu au suspense en ce sens que la météo a réellement une incidence sur le fait de se rendre.  Je pratique la procrastination pour compléter ma valise, comme si je vivais dans le déni qu'un jour prochain, je connaîtrai à la fois les douleurs les plus intenses et la plus grande joie de ma vie.
Plus ça avance et plus mon corps essaie de convaincre mon cerveau qu'accoucher sera libérateur: je suis à peine capable de me pencher pour enfiler mes souliers, je fais de la rétention d'eau et de la perte de mémoire, tousser ou éternuer sans conséquence demande le bannissement complet de la spontanéité pour ces deux réflexes normaux, le sommeil est sans repos et dans une position ou selon un horaire non désiré.  Les arguments sont presque convaincants. De son côté, le suspicieux cerveau rationalise encore que «ça va faire ben trop mal» et est prêt à attendre encore un peu. Pendant qu'ils se font la guerre, les hormones me promènent entre l'excitation et la terreur. Je peux comparer cela à des montagnes russes au bord d'un précipice.  Dernièrement, j'ai lu un article qui traitait de la fin de grossesse et qui mentionnait au passage que les sentiments éprouvés sont semblables à ceux du syndrome prémenstruel... multiplié par 10 000. Alors: «Bonne chance!»

Avec l'écriture de ce blogue, tout cet énervement n'est pas en vain, mon expérience pourrait servir à d'autres mamans ou mamans en devenir qui s'interrogent sur la folie qui les accompagne pendant le dernier trimestre.  Je veux vous dire que vos questionnements sont TOUS normaux et que vos inquiétudes (aussi absurdes semblent-elles) font partie de ce qui va vous préparer à être une bonne maman.  Vous commencez certainement à réaliser que vous avez besoin des autres, que vous les aimez plus que tout et que l'harmonie dans votre vie de vous appartient pas totalement. Ne vous comparez pas et allez chercher l'écoute et les réponses que vous avez besoin avec des personnes positives, des blogues ou des groupes selon le format qui vous convient le mieux.  Ces personnes qui ont vécu la maternité et qui peuvent en parler avec maturité et réalisme sont des mentors qui prendront de l'importance dans votre vie. Il est tout à fait raisonnable de se demander comment on va faire, d'avoir peur de ne pas être assez ou d'être trop, de se questionner sur comment on va prendre soin de bébé, si on va être capable de s'y attacher, de le soigner quand il sera malade, de faire face aux situations d'impuissance, etc.
Aussi, il ne faut pas l'oublier, la peur de l'accouchement.  On vous l'a répété plus d'une fois pendant les 9 derniers mois: ÇA FAIT MAL.  Ces mots son gravés dans votre subconscient et passent malicieusement dans votre tête chaque fois que vous pensez au bonheur qui vous habitera lorsque vous ferez la grande rencontre tant attendue avec bébé.  Plus le jour «J» approche, plus la peur est présente.  Ça aussi, ça vient avec le package deal. L'accouchement est le rituel d'une petite mort de notre vie telle qu'on la connait.  On va mûrir et changer, et ça, c'est inquiétant.  Plus encore, c'est un rituel douloureux marqué par le sacrifice de son corps pour donner naissance à un petit être totalement dépendant de nous. S'ajoute à ces peurs la charge émotive des volontaires qui nous racontent des histoires d'accouchement tout droit tirées de films d'horreur et qui nous feront douter de nos choix.  Par exemple, quand je dis que je vais accoucher à la maison des naissances, avec une sage-femme, sans accès à la péridurale, je reçois souvent des commentaires du genre:

  • Tu es complètement folle! Ah non, c'est parce que tu en as jamais eu que tu penses que tu vas être capable sans péridurale, tu m'en donneras des nouvelles.  Moi...
    • (bla bla bla) - je n'écoute plus.
  • Mais s'il arrive quelque chose et que tu doives être transférée à l'hôpital, qu'est-ce que tu vas faire? 
    • Je vais être transférée à l'hôpital.
  • T'es vraiment certaine de ton choix? 
    • Je ne savais pas trop, j'ai flippé un sous pis ça a donné ça.

D'après-vous, est-ce que cela me sert dans l'apaisement de mon anxiété?  Laissez-moi réfléchir... euh...non!  Qu'à cela ne tienne, je choisi les personnes desquelles je veux m'entourer pour discuter pour partager des moments importants de ma grossesse et je me souviens des raisons qui ont motivé mes choix.  Mes amis me soutiennent en répondant à mes questions et en s'informant sur mon état mental et mon niveau d'énergie.  Je me sens en confiance de partager ce que je ressens parce que mes choix sont respectés et que je ne me sens jamais jugée.
Vous, qui êtes dans la vie d'une femme (d'un couple) qui s'apprête à mettre au monde un enfant, vous devez absolument être conscient de l'impact que vous avez dans sa (leur) vie sur son niveau de stress, sa confiance en elle et le sentiment qu'elle n'est pas seule.  Le lieu de naissance, le temps que le couple souhaite prendre avant de présenter son enfant au monde, les conditions entourant ses présentations ne concerne que le couple.  Respectez les futurs parents dans leurs choix, vous aurez l'occasion d'émettre vos opinions quand vous serez sollicités pour cette raison.
Je comprends l'enthousiasme de mes proches et ça contribue à mon bonheur.  Me faire mettre la pression concernant des événements sur lesquels je n'ai pas beaucoup de contrôle m'indisposerait et augmenterait mon sentiment de nervosité. Pour ma part, et peut-être que certaines se reconnaîtront dans cette stratégie, je choisi de prendre quelques jours pour me remettre de l'accouchement, m'apaiser et apprivoiser mon nouveau statut de parent.  La rencontre arrive finalement au bout de 9 mois et je ne veux pas que ces instants soient perturbés.  Je veux du calme, accueillir mon enfant avec mon amoureux et apprivoiser ma nouvelle cellule familiale.  Je ne veux pas d'interruption dans l'émerveillement des premiers instants. Ces moments ne reviendront jamais et j'ai envie de les passer seule avec mon conjoint et notre premier enfant.  Quand nous seront prêts, nous présenterons notre enfant au monde avec la confiance acquise dans ces premiers jours privés.  Nous ne serons pas avares de notre bonheur. Cette séquence a été discutée en couple et est personnelle. Elle vaut n'importe laquelle des stratégies que les nouveaux parents auront choisie. Mon but était seulement de faire reconnaître que les parents accueillant un nouvel enfant peuvent clairement faire leurs choix et s'attendre à ce qu'ils soient respectés.

La prochaine fois que j'écrirai, j'aurai sans doute fait la rencontre avec ce petit être,  D'ici là, vous êtes encouragés à réagir à cet article.  Prenez soin de vous et à bientôt.



Bientôt disponible sur le site Je Materne.

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